Kaendra ○ Once upon a December

Ma vie n’a pas toujours été à Chicago, au sein du FBI local. J’ai commencé cette dernière à Wellington, capitale de la Nouvelle-Zélande. On ne peut pas réellement dire que mon enfance fut triste. J’étais la petite dernière d’une fratrie de cinq enfants et la seule fille. Certainement pour cela que je suis légèrement garçon manqué sur les bords. Nous vivions avec nos parents, tous heureux, jusqu’à leur divorce… Le drame de mon enfance. Si ma mère avait réussi à obtenir la garde de mes frères, je fus pour ma part confié à mon père. Je ne vécus pas très bien d’être ainsi séparé de ma famille, même si je restais avec mon père. Ma mère quitta Wellington et partit s’installer à Sydney, en Australie, pour cause de mutation dans son travail. Mes frères partirent avec elle et je restais donc seule avec mon père dans la maison familiale. C’est là que commença la descente aux enfers. Mon père, ne supportant pas le divorce, commença à boire. Il n’était pas rare qu’il finisse complètement saoul tous les soirs de la semaine. Il perdit son travail de comptable dans une grande boite de la ville et perdit la maison. J’avais sept ans quand je dormis pour la première fois dans la rue, sur un carton pour me protéger de la pluie et du froid. On voit souvent la Nouvelle-Zélande comme un pays chaud mais il peut y faire froid. Jamais je n’oublierais le regard des gens sur mon petit corps d’enfant ou plutôt, le non-regard des gens. Mon père et moi faisions la manche mais les quelques pièces que nous recevions étaient tout de suite dépensé en bouteilles de whisky. Je continuais à aller à l’école mais personne n’était au courant que je vivais dans la rue. J’avais trop honte pour le dire et j’étais persuadé que mes camarades de classe se moqueraient de moi. Je commençais à me mettre à voler pour pouvoir vivre, mon père n’ayant aucune envie de m’entretenir. C’est ainsi que je fis la rencontre du lieutenant de police Kapono. J’avais été prise par un commerçant qui appela la police et ce fut cet homme qui arriva. Il m’embarqua au poste mais au lieu de me jeter dans une cellule comme je pensais y avoir droit, il posa une couverture sur mon maigre corps et me donna un chocolat chaud ainsi qu’une barre de céréale au chocolat. Il me demanda de tout lui raconter et il fut certainement le premier à qui, du haut de mes neuf ans, je réussis à parler de la misère sans pleurer. Il appela les services sociaux qui vinrent me récupérer mais mon père l’apprit par je ne sais quels moyens et voulut me récupérer. Je restais coller à la dame qui m’avait prise avec elle et mon père voulut forcer le destin. Il me saisit par le bras et tira bien trop fort pour que mon épaule résiste. Il y eut un sinistre craquement et je tombais au sol, l’épaule déboité. La femme me laissa alors seule avec mon père qui, fou de colère de me voir lui résister, commença à me frapper. Alerter par mes cris de douleurs et de peurs, la femme revint alors rapidement avec le lieutenant Kapono qui arrêta mon père. Jamais je ne pus oublier les mots que l’agent de police eut à ce moment précis. Il me jura de prendre soin de moi. Jamais encore quelqu’un ne m’avait parlé ainsi. Ma mère refusa de me prendre, disant que 6 enfants, c’était déjà suffisant pour elle. Ma génitrice s’était remarié avec un homme de vingt ans son cadet et ils avaient eu deux enfants en plus de mes quatre frères. Le lieutenant Kapono eut donc le droit de m’adopter et se fut chose faite à mes 10 ans.

Je découvris alors l’amour d’une vraie famille. Madame Kapono était une femme généreuse qui me donna tout l’amour qui m’avait manqué. J’eus une petite sœur, chose dont j’avais toujours rêvé et un grand frère qui se montra bien plus protecteur envers moi. J’avais douze ans quand ma famille adoptive quitta la Nouvelle-Zélande pour les Etats-Unis. Installés tous les cinq à Chicago, c’est là-bas que ma vocation de profiler prit forme. J’avais toujours voulu travailler dans la justice mais lors d’une conférence de presse alors que j’avais quinze ans, je découvris le métier de profiler. J’avais toujours été intrigué par la psychologie d’un criminel et savoir que des gens pouvaient entrer dans leurs têtes m’intriguait. Après avoir obtenu mon diplôme de fin d’étude, je restais à Chicago pour faire une université de psychologie dont je sortis diplômée cinq ans plus tard. Je passais ensuite le concours du FBI et une année plus tard, j’étais de retour à Chicago en tant qu’agent du FBI, spécialisé dans la psychologie criminelle. Voilà désormais pratiquement neuf ans que je travaillais avec le FBI de Chicago et les forces de police.