Maggie - Moi j'aime le boudin j'aime le thon ♫

Déprimée, voilà mon état d'esprit d'aujourd'hui. Je suis censée passer au dessus de tout ça, je suis censée avoir grandie et avoir oublié, mais je n'y arrive pas... Cela fait trop longtemps que je garde en moi tout ces souvenirs, tout ces mauvais souvenirs..
J'étais encore qu'une gamine quand mes parents ont décidés de divorcer. Ma mère le trompait depuis bien trop longtemps, je crois qu'en fait elle n'avait jamais aimé mon père, elle était juste tombée deux fois enceinte de lui par accident. Lui qui était ravie de sa paternité à tout fait pour avoir notre garde, et il a réussi. En même temps quand on explique au juge que sa femme le trompe depuis des années avec plusieurs hommes, et qu'elle ne s'occupe jamais de ses enfants, ça pèse dans la balance. Seulement à 6 ans, se retrouver sans maman c'est plus ou moins compliqué. Je ne vais pas dire qu'elle me manquait loin de là, mais j'étais toujours habitué à celle qu'elle soit dans le coin tout les jours. Elle ne daignait jamais s'occuper de moi, j'étais l'erreur de trop selon elle. Mon père à tout fait pour rendre la vie de mon frère et moi plus belle. Et puis à l'aube de mes 16 ans, on a diagnostiqué un cancer à mon frère aîné.. Il n'avait que 18 ans, et la vie s'acharnait déjà contre lui. On l'a suivi jusqu'au bout, on a été là jusqu'à son dernier souffle. Seulement la maladie était trop ancrée en lui. La chimiothérapie n'a jamais fonctionné, à aucun moment. Ce n'est pas faute d'avoir tout essayé pourtant.. En un an, j'ai pour ainsi dire prix dix ans de maturité dans les dents. Je voyais les choses autrement, et je n'avais pas l'attitude d'une jeune fille de 17 ans. Mon père me rabâchait sans cesse qu'on avait fait tout ce qu'on avait pu, qu'il n'y avait aucunes chances depuis le début. Mais la douleur ne disparaissait pas pour autant, il était mon pilier, il était toujours là quand j'avais besoin de lui, il m'aidait qu'importe la situation dans laquelle je me mettais. En gros il laissait dans mon cœur un énorme vide qu'il me serait impossible de combler. Ses funérailles furent les plus douloureuses auxquelles j'ai pu assister en 17 ans d'existence.. Et ce jour là, en plus de la tristesse, j'ai ressenti de la colère. La colère de voir celle qui nous avait donné la vie se pointer après tant d'années d'absences, au bras d'un homme aussi laid qu'idiot.. Je m'en étais prise à elle, en lui faisant bien comprends qu'elle n'était pas la bienvenue. Qu'il aurait fallu qu'elle soit présente pendant notre enfance, pendant sa maladie, dans les bons comme dans les mauvais moments, mais pas aujourd'hui.. Je ne lui pardonnais pas son abandon, et je ne lui pardonnerais jamais d'ailleurs...

Quelque soit les épreuves de la vie, je les ai surmontés grâce à mon frère. Je sais qu'il veille sur moi. Et quand mon père succomba dans un accident de la route, je savais aussi qu'il était là. Je savais également que mon père serait bien mieux là haut. Il était devenu dépressif depuis la mort de Gab. Il se bourrait de cachets à longueur de journée, et il n'arrivait pas à retrouver une femme digne de confiance pour partager sa vie. Dans un sens je lui en voulais de se morfondre, mais je crois qu'il n'avait pas la force nécessaire de survivre à son fils. Je pensais être incapable de survivre à mon père suite à son décès, mais au final c'est ce qui m'a conforté dans ce que je voulais faire de ma vie. Je voulais sauver des gens depuis mes 17 ans, mais c'était devenu encore plus fort après l'accident de mon père. Devenir ambulancière devait être écrit pour moi. Je m'en étais longtemps voulu de ne pas être de garde le jour de sa mort, mais je me disais qu'au fond c'était peut être fait exprès, c'était peut être pour me pousser encore plus loin dans ce sens... Aujourd'hui je sais qu'ils sont dans mon cœur, et qu'ils veillent sur moi. Je ne me fais donc aucun soucis pour l'avenir, j'espère juste pouvoir les rendre tellement fiers de moi. A 29 ans, je suis heureuse dans mon métier, je n'ai pas trouvé l'amour mais je sais qu'il n'est pas loin, et je suis également bien entouré par mes amis qui ne me laissent pas tomber... Alors oui aujourd'hui en repensant à tout ça je suis déprimée, mais je ne peux m'empêcher de sourire devant la photo qui trône sur le meuble de l'entrée.